Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA) en octobre 2010

Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA - 4.800 km) en octobre 2010,

Jean Michel MONOT (Tahiti) repart pour une nouvelle aventure

mais accompagné cette fois-ci de quatre compagnons d’échappée

René SABATIER (Tahiti) - Richard MARTIN (France) - Frédéric FOUCHER (Moorea) - Jean-Pierre LE LOCH (Tahiti)

lundi 13 février 2012

Hasta Luego ! Hasta la Vista !



Cette aventure est née il y a un peu plus d’un an, au retour de mon « Coast to Coast USA » où, à Miami, avec mon ami Jean-Pierre Marquant, nous avions évoqué une « suite » à cette formidable forme de voyage sportif et de découverte. Un « Alaska – Mexique » avait été proposé, mais aussi un « Atacama – Ushuaia ». Quelques mois plus tard, je l’ai évoqué avec mon ami proche, René, avec qui nous allons construire le projet final. Impossible d’inclure le désert d’Atacama, faute de temps. C’est donc du port mythique de Valparaiso que nous prendrons l’eau du Pacifique pour symboliquement la transporter jusqu’à Ushuaia. L’objectif premier est de traverser la « Carretera Austral – Ruta 7 » en VTT ; puis ensuite rejoindre la ville la plus « sud » du monde Ushuaia via, soit Punta Arenas, soit Rio Grande ; nous nous adapterons aux aléas de nos avancées… En juin 2011, un acteur non prévu va entrer en scène : « Ritchy » Martin, mon ami de plus de 30 ans. Il m’a retrouvé grâce aux connaissances « Facebook » de son fils Paul ! L’amitié est intacte et son histoire « santé » l’a amené à « voir la vie » différemment. Lors de sa venue à Tahiti, lors d’un essai de notre tente achetée pour l’expédition, je lui propose à lui, l’ancien sportif de haut-niveau, avec l’accord de René, de se joindre à nous. Sa réponse sera sans équivoque, forte à souhait : « C’est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire ! ». Nous adapterons donc notre organisation afin qu’il puisse relever son défi, physique et mental… Cette nouvelle donne va m’amener à en parler à un collègue médecin, Frédéric Foucher,  féru de trails et haute-montagne, avec qui nous évoquions depuis longtemps un trip de ce genre. Sans hésitation, il se rallie au projet ; sa présence et surtout sa compétence de médecin-urgentiste sera précieuse en cas de problème… Je n’évoquerai pas le cas de Marc Rousselot-Emart qui n’a pas compris l’esprit et la philosophie de notre trip. Enfin, deux semaines avant le départ, l’offre de Jean-Pierre Le Loc'h de se greffer au périple, mais avec moyen de transport pour lui permettre de vivre des randonnées, treks et autres activités pendant que nous pédalons, est vite validée. Cette proposition va s’avérer fort utile, au vu des difficultés rencontrées sur les pistes. C’est ainsi que cette histoire est née… La suite, vous la connaissez désormais.

 

REMERCIEMENTS

Mes remerciements iront en premier lieu à mes compagnons de route, mes amis René, Richard, Frédéric et Jean-Pierre, qui m’auront permis de vivre une nouvelle aventure, pleine de récits inédits, riche en valeurs humaines, fraternelle. Quatre merveilleuses semaines qui resteront longtemps gravées dans nos mémoires.

Un grand merci également à nos proches, nos amis, aux sympathisants et aussi aux inconnus qui nous auront suivi au travers ce blog, Vos encouragements et soutiens nous auront permis de passer les difficultés et d’aller au delà de nos objectifs.


Ce périple a également pu se faire grâce à des gens qui ont cru dans notre projet. J’aurai donc une pensée appuyée pour :
-       Mr Alfonso LUNA et Movita VAIRAA de la compagnie LAN AIRLINES
-       Mme Sylvana PUHITINI de l’association APRLC
-       Mr Hubert VIARIS de LESEGNO de la Brasserie de Tahiti
-       Mr Thierry GOUTELLE et Laurent DECKER de KIPAVENTOUR – Viva Latina

Une pensée également à des gens incroyables que nous avons côtoyé durant ce voyage :
-     Mr Germain LOQUER, guide français pour Torres del Paine (et son B&B « Melting Pot » à Puerto Natales)
-       Nelson, sa femme et sa fille dans sa ferme entre Cochrane et Tortel
-       Nicolas le jeune chilien, Andrès et Isabel, Fernando le Colombien, qui nous auront donné un coup de pouce entre Hornopiren et Chaitèn.
-       José-Manuel et Alfonso, nos amis espagnols, rencontrés au Cap Horn et revus à Torres del Paine.

Voici maintenant en guise de conclusion les « impressions » de chacun d’entre nous.
Merci encore.


Viva Chile ! Viva Patagonia ! Viva Tierra del Fuego !



Message de René SABATIER 


« Sommes-nous les acteurs de notre vie ou les jouets de celle-ci ? Pour quelles raisons ai-je décroché mon téléphone, voilà bientôt un an, pour évoquer avec Jean-Michel, une traversée de la Patagonie en vélo.
Bien sûr, Jean-Michel avait l’année précédente, avec sa traversée des Etats Unis, ouvert la voie de ce type d’épreuve. Quels étaient donc mes motivations pour cette aventure : me prouver à 55 ans que j’en étais encore capable ? Peut être. Montrer à mes 3 garçons que tout est possible si nous mettons notre volonté à la hauteur de nos désirs ? Sûrement !
En fait, seule l’idée d’évasion me motivait. Le fait de prendre mon vélo et de pédaler, sans avoir à faire demi-tour pour rentrer à la maison le soir, me séduisait
Ce projet s’est bâti à deux (Jean-Michel et moi-même). Puis rapidement nous étions cinq. Nous sommes donc devenus un groupe avec ses individualités et nous allions devoir composer ! L’intégration dans l’équipe de Richard, pour qui la simple épreuve sportive, n’était pas sa motivation principale, mais représentait plutôt une sorte de revanche sur la maladie, m’a intéressé. J’ai senti l’occasion qui se présentait à moi, d’associer mes pauvres possibilités sportives, mais pourtant ô combien nécessaires à mon équilibre, avec mon besoin de donner un peu de temps et de mon énergie aux autres ! Mon implication dans une association pour les malades atteints par le cancer en Polynésie Française, trouvait ici une résonance naturelle à ma personnalité.


Je garderai de cette aventure le souvenir de belles rencontres de voyages dans un environnement immense, beau et pur. Une sensation de liberté dans ce pays sauvage. Graver dans ses yeux le « bleu fluo » d’un glacier ou poser le pied sur ce rocher du bout du monde : le Cap d’Horn, représente pour moi une sorte de pèlerinage, une communion avec la nature.

  J’ai eu la chance pendant quelques semaines de partager les difficultés mais également les joies de notre groupe. Je suis passé dans des lieux où je ne reviendrai certainement jamais ! Mais qu’importe ces moments là sont à moi et pour toujours.
C'est avec mes amis, au pied des tours de granit de Torres del Paine, que j'ai passé sans douleur ma 55ème année, ce 11 février 2012  !
J’ai eu peur de ne pas réaliser ce défi ; j’ai maintenant peur de ne pas m’en lancer de nouveaux !

René Sabatier »


Message de Richard MARTIN

« Un jour, au milieu du Pacifique sur l'ile de Tahiti mon ami Jean Michel retrouvé après  30 années me propose un défi unique et insensé.
Relier Valparaiso ( Chili ) à Ushuaia ( Argentine ) en VTT et en autonomie. Plus de 3.000 kilomètres d'aventure ....
J'accepte sans hésiter pour deux raisons principales : c'est une chance, et aussi un rêve de réaliser ce défi, afin d'écrire une page de ma vie " sauvée " par la médecine.

Huit mois d'entraînement et de motivation avant de faire le grand saut sur ce continent sud américain. Huit mois de doute, d'interrogation, de peur, de souffrance intellectuelle ..... Et si je n'y arrivai pas ?
Les premiers vrais kilomètres sur la Carretera Austral me font peur, ce n'est pas une route mais un chemin empierré, la température frôle les 35° et ceci ne ressemble absolument pas à mes sentiers d'entrainement dans mon marais poitevin si plat ! 
Les premières journées me sont très difficiles, je souffre de divers maux sans mot dire à personne. Je pense à mes enfants, à la fierté qu'ils auront lorsque je lèverai les bras en "V" , signe de victoire et de réussite lors du passage de la ville d'Ushuaia. Je ne dois pas les décevoir, je dois réussir, telle sera ma motivation pendant toute cette aventure extraordinaire.


C'est avec la très grande complicité de Jean Michel, René, Fred et Jean Pierre, que j'ai pu aller au bout du bout, de mes forces et de la Carretera Austral.

Mes amis, je tiens à vous remercier d'avoir pris le risque de m'accepter dans votre team  " Coast to coast Patagonia ". Je souhaite  aussi avoir donné espoir à tous les malades, de Polynésie principalement  d'avoir un jour cette chance, ma chance, ce rêve, mon rêve, de réaliser un tel défi sportif pour ceux qu'on aime.

Nous devons oser l'impossible.


Avec toute mon amitié, je vous embrasse.

Ritchy »



Message de Frédéric FOUCHER

Santiago du Chili,Cordillère des Andes,Patagonie ,Terre de Feu ...
Autant de noms qui font rêver tout adolescent fugueur en mal d'aventure.
Valparaiso, Detroit de Magellan, Ushuaia, mer de Blake, Cap Horn...
Autant de noms chuchotés avec crainte et respect par les marins du monde entier.
Cordillère des Andes, Fitz Roy, Cerro Torre, Torres Del Paine...
Autant de noms prestigieux qui font frissonner les grimpeurs et montagnards les plus chevronnés.
A chacun de ces noms de légende, nous pouvons aujourd'hui greffer des images, des couleurs, des odeurs, un sens.
Des lacs majestueux aux couleurs irréelles, teintés de lait menthe par les immenses glaciers qui les abreuvent, aux lacs les plus discrets enfouis dans des forêts profondes, véritable paradis des pêcheurs de la planète.
Des matins d'hiver et des soirées d'été avec toujours omniprésent, pénétrant  vos sens jusqu'à saturation, ce terrible vent de Patagonie qui ne s'endort que rarement et fige tout espoir de végétation.
 Et puis les habitants de la Patagonie et de la Terre de Feu, dont le caractère trempé de gentillesse et de dévouement contraste étrangement avec la rigueur du climat. On n'ose imaginer les conditions de vie de leurs ainés...
Ces hommes qui vivaient nus alors que nous grelotons sous nos polaires en plein été !
Enfin, le Parc national de Torres Del Paine ; ce condensé de beauté à l'état pur, véritable joyau du Chili, dont le GR, entre glaces et montagnes, est considéré, à juste titre, comme le plus beau du monde.
Voila le quotidien de nos aventures en Patagonie .Voila le Chili tout simplement.
Aussi, il y a l'artère pulmonaire  du pays, la mère de toutes les routes chiliennes, façonnées par des milliers de travailleurs  pour vasculariser la Patagonie depuis la capitale : la Carretera Austral !

Flanquée d'un revêtement défoncé caillouteux et grisâtre, damné, mais aussi adulé par les cyclistes du monde entier, elle se hisse à travers forêts, montagnes et lacs innombrables pour rejoindre le bout du monde. Sans ce cordon ombilical, la Patagonie serait indépendante ou agoniserait.
Elle fut notre purgatoire, à nous, ces hommes venus d'ailleurs et qui comptions la conquérir sans coup férir.
Certes notre projet était ambitieux. L'ambition de la cinquantaine fougueuse, amnésiée par l'euphorie d'une telle aventure. Mais qu'importe.
Nous n'avions en commun que cette volonté farouche de vouloir se surpasser dans l'effort et la difficulté. Et ça suffit.
C'est souvent le chemin le plus dur qui mène aux joies les plus insensées.
Nous avons partagé nos souffrances silencieuses, le cul sur une selle pendant des heures pour mieux s'apprécier le soir autour du feu.
Et puis, à cinquante ans, les angles nous apparaissent moins aiguës et les vérités moins criantes.
Ce fut une « très belle histoiret faite de complicité, mais aussi d'humilité devant dame nature et ces hommes du bout du monde.

Un grand merci donc à Jean Michel alias « l'albatros », car ne se repose jamais.
À René, alias « le Hollandais volant », perché sur son vélo, redoutable d'efficacité.
A Ritchy alias « Allo Houston » : une fois parti, on ne peut plus l'arrêter.
A Jean Pierre alias « JP la Débrouille », indispensable, discret et toujours là ou on ne l'attend pas.
Un grand merci à tous les cinq pour ces moments inoubliables.

Fred »



Message de Jean-Pierre LE LOC’H



« Une promesse faite à la vie: ne rien faire sans pratiquer la nature !
Une fois dit, je brode autour, car nos ressources ne s'épuisent que lorsque la nature est écartée de nos envies et projets.





Le défi sportif, « Coast To Coast Patagonia » en VTT, est basé à mon sens sur cette notion, et l'amitié généreuse permet la concrétisation d'objectifs apparemment hors d'atteinte, me concernant.
Le groupe me permettra au fur et à mesure de coller au fil rouge et d'entrevoir des horizons que je n'ai pas fréquenté plus tôt. Mais sans remords toutefois, ces quelques leçons de vies me permettent de prétendre à mieux pour tout de suite...
Donner sans recevoir, c'est une leçon de la nature, il n'est pas possible de lui en vouloir lorsqu'on l'imagine autrement ; c'est encore ce que le FITZ Roy m'a appris, ou encore le glacier Grande du lago Torre. La piste de la Carretera me laisse pantois, devant sa simplicité et sa dureté. Les paysages qu'elle nous a laissé entrevoir sont sans mots, nos iris élargis sont restés insuffisants pour  cerner les beautés exposées.
Voyage de choix, une première me concernant, mes habitudes de voyageur étant plutôt solitaire.
Le Cap Horn a positionné la barre très haute, le mythique est désormais le quotidien de nos souvenirs, nous ne pourrons plus nous considérer comme de simples voyageurs, même si beaucoup d'aventuriers des siècles précédents ont écrit l'histoire de manière indélébile. C'est pas ce que nous cherchions, changer l'histoire, c'est juste un peu de partage et de vécu, comme si on chargeait nos souvenirs comme une batterie, pour mieux voir l'avenir.
A refaire forcément.
Ne pas en vouloir à la nature, c'est possible, il suffit de concevoir nos origines avec modestie.


Jean Pierre »



Message de Jean-Michel MONOT

« Lors de mon édito, j’ai évoqué combien le corps est une formidable fabrique à rêves éveillés. J’aurai aussi pu écrire que le sport apporte ces valeurs que le cœur et l’esprit peuvent mettre en exergue : ténacité, courage, adaptabilité aux autres, fraternité.
J’aurai encore beaucoup appris lors de ces semaines, grâce en partie aux émotions que m’auront procuré les quatre mousquetaires, la gentillesse et bonté des gens rencontrés et la beauté des sites traversés au Chili et en Argentine. Le point d’orgue aura été pour moi le Cap Horn. Outre le fait d’avoir pu descendre à Puerto Williams, au delà nos prévisions premières, notre présence sur ce « Cap des Tempêtes », bout de caillou face à l’Antarctique, m’aura remué les tripes : pensées à ces marins téméraires, à ma famille bretonne, à mon père sur l’Aromanche… La petite cérémonie, associant l’eau du Pacifique (où je vis) à celle de la Mer de Drake, avec le sable de Tikehau et le Chablis pour sceller l’amitié qui nous a uni et la réussite du projet, donnera encore plus d’intensité à ce que j’attendais… Instant magique sur l’Horn !


Un petit mot sur mes compagnons de route.

René tout d’abord, qui avec son entrain habituel, son accent chantant et sa bonté naturelle, aura apporté son sens de la réparation, du « système D » et aura montré beaucoup de courage dans les moments difficiles comme sur la route de Tortel. Je retiendrai de lui ces moments de joie intense où je l’entendais crier son plaisir lors de l’arrivée au lac Desierto à la frontière argentine… En ce 11 février 2012, Joyeux Anniversaire mon Ami et merci d’avoir monté ce projet avec moi.

Richard (mon « Ritchy » de l’EIS) qui aura accompli son rêve. Sa pugnacité, son envie, sa motivation auront eu raison de la cigarette (il a jeté la dernière juste avant son arrivée au Chili) et surtout du « lâcher prise » que montrent de nombreux malades après l’opération. Il aura su gérer son corps, l’écouter, ralentir quand le cœur ou la pression artérielle montaient, garder le moral quand des dizaines de pentes abruptes se présentaient devant lui. Un bel exemple pour beaucoup d’entre nous. Je l’ai vu heureux tous les jours, profitant de tout, mitraillant de photos toutes les beautés du parcours, ne se plaignant jamais même quand une chute dans une forêt argentine l’a blessé au périoste… Le 7 février, face au glacier Nena, nous avons trinqué à ses 50 ans ; et le soir même, il recevait un magnifique cadeau : la carte de notre parcours en bateau de l’Horn à Punta Arenas, signée de nous tous ! Merci à Paul, son fils, de nous avoir réunis à nouveau.

Frédéric (« Fred ») qui aura illuminé nos journées de centaines d’ « Enormosaure » (expression de son dernier fils Clovis) devant chaque beauté patagonienne. A 56 ans, notre doyen aura montré une gaieté communicative et un savoir-faire issu de ses treks en haute-montagne. Ses connaissances et son professionnalisme nous auront apporté sérénité et bien-être. Mais il m’aura surtout impressionné par ses capacités sportives : très fort à vélo, dans les bosses et surtout dans les descentes. Enfin, chaque soir, il aura apporté son enthousiasme pour trinquer à la belle journée passée,  autour de bonnes « cervezas » ou « vino blanco o tinto » !! Cette première expérience avec Fred est une réussite totale. A quand la prochaine ?!! Merci l’Ami.

Enfin, Jean-Pierre (vite surnommé « JP ») qui, à cause de l’accident de Temuco n’aura pas pu vivre la totalité de l’aventure avec nous, mais qui aura néanmoins largement contribué à la réussite de ce projet. Sa gentillesse naturelle, sa serviabilité et son dévouement nous auront tous marqué et touché. Cet aventurier, souvent solitaire, aura montré un formidable esprit d’équipe. Le fait qu’il est opté pour la location d’un pick-up nous aura permis de soulager, de temps à autre, nos lourdes carrioles et de nous permettre la traversée rapide de la « pampa » argentine pour mieux profiter de la « Tierra del Fuego ». Incroyable circonstance aussi pour lui que d’avoir pu fêter avec nous ses 48 ans sur le rocher de l’Horn. Prochain trip, JP, avec nous en vélo ou moto !

 Il est temps maintenant de « tirer le rideau » sur ces 4 semaines. L’année 2012 aura formidablement commencer pour aux moins 5 personnes. Notre souhait désormais est que certains d’entre vous aient l’envie de « vivre » la Patagonie ou autre expérience du même genre. Et surtout aient la volonté de partager et de donner.
Pensées à mes trois filles chéries.


Je conclurai par quelques citations qui expriment beaucoup mieux que mes mots ce que j’ai pu ressentir :

« Celui qui a senti une fois dans ses mains trembler la joie ne pourra plus jamais mourir » (José Hierro)

« La joie partagée grandit » (Massa Makan Diabaté)

« Un homme seul ne peut rien, il lui faut l'appui de ses semblables pour arriver là où il doit aller » (Victor-Lévy Beaulieu)

« On peut tout ce qui ne dépend que de notre volonté » (Marcel Proust)

« A l'impossible je suis tenu » (Jean Cocteau)

« Il y a d'admirables possibilités dans chaque être. Persuade-toi de ta force et de ta jeunesse. Sache te redire sans cesse : "Il ne tient qu'à moi" » (André Gide)

Hasta Luego ! Hasta la Vista !

Jean Michel »


Pour toute information technique ou géographique ou autre, vous pourrez nous contacter via Facebook sur "Coast to Coast Patagonia". 
Bonne année 2012 !



dimanche 12 février 2012

Récit de "JP" et photos de Torres del Paine


Avant de vous envoyer les impressions de chacun d'entre nous, voici le récit des quelques jours que Jean-Pierre a passé seul, après notre départ de Cochrane pour Tortel, le 23 janvier. Il nous retrouvera le 27, après moultes aventures en solitaire...


Le récit de Jean-Pierre sur son trip solitaire entre Cochrane et Villa O’Higgins

" La piste de la Carretera Austral se termine à Villa O'Higgins et ne permet pas de rejoindre El Chalten directement en voiture. Ma route obligatoire pour descendre plus au sud me dévie donc vers l'Argentine où j'emprunterai une autre route mythique nord-sud, la routa 40.  
Je me sépare du groupe lundi vers 15h00 à Cochrane et me prépare quelque peu à ce trajet d'environ 600 km. Le plein de carburant fait, je rajoute dans le pick-up 2 Jerrycans de 20 litres chacune, car on me prévient que je ne trouverais pas de station service avant El Chalten !

Le poste frontalier est à 90 km de Cochrane, et je dois y être avant 19h00, au risque de le trouver fermé. Mais les paysages qui s'ouvrent devant moi sont grandioses et il m'est difficile de faire 100 mètres sans m'arrêter... je pense à Fred qui, la veille sur le parcours Coyhaique-Cochrane, réclamait sans cesse la pause photo... Après à peine 1h de route, je craque et décide de parquer le véhicule pour une petite rando découverte. Au sommet d'une colline, j'aperçois sur un versant et en contre bas des groupes de Huemules sous fond de sommets enneigés. Sur mon retour vers le 4x4, j'ai la chance d'en voir un s'abreuver le long d'un petit cours d'eau ; il me laissera se rapprocher de lui à moins d'une dizaine de mètres ; je prends le temps de m'asseoir pour l'observer.

Je passe finalement la frontière vers 19 heures à El Paso Roballos, et remplis les formalités auprès d'un carabiniero un peu surpris de voir un polynésien dans ces montagnes. La douane Chilienne semble rustique au niveau des infrastructures, comparée à celle de l'Argentine, mais elles sont toutes deux efficaces et permettent un passage rapide, sans question particulière. Le vent y est particulièrement fort. Je pense à mes copains cyclistes et espère qu'ils ne l'ont pas sur leur chemin. Je me rends compte que depuis que je les ai quittés, je n'ai croisé aucun véhicule sur pratiquement 90 km de piste, et j'en suis heureux !!
Je me dirige a présent vers la routa 40, et en chemin je fais plusieurs haltes pour découvrir quelques collines intéressantes, je "croise " encore quelques Huemules, suis un lièvre pas pressé qui a l'air de m'indiquer une piste  vers un petit point de vue... 
 
A une centaine de kilomètres de la frontière, je rejoins finalement la 40, elle est en travaux d'amélioration, le gouvernement argentin y a lancé depuis 2010 un programme de bitumage.  Ce sera sur au moins 300 km des passages difficiles avec portions asphaltées, déviations et longues pistes parallèles le long de la voie en travaux. Certaines portions droites s'étalent sur près de 50 km ! J'imagine mal le faire en VTT, avec vent de face de 30 nœuds ! Il faut d'ailleurs rester vigilant en conduite car le véhicule se déporte facilement, poussé par les rafales de vent.

Vers 2h mardi matin, je décide de m'arrêter près d'un logement de chantier, je me gare sur l'accotement de la piste et monte la tente pour quelques heures, il me reste environ 180 km pour atteindre El Chalten. J'y serais finalement vers 10h, et démarre de suite par une sortie en kayak vers le glacier Viedma, en utilisant au préalable une navette pour une traversée de 20mn du Lago Viedma. Le décor impressionnant me fige sur place ; avec le kayak je n'ai pas le droit de m'approcher à moins d'une cinquantaine de mètres, mais je distingue tous les détails de la paroi de glace, ses couleurs bleues sont attirantes, mais prudence !
Les Rangers d'El Chalten m'expliquent dans l'après-midi que j'ai une fenêtre météo favorable pour les 2 jours à venir. Je décide d'abandonner le véhicule pour un trek qui me rapprochera du Cerro Fitz Roy, qui culmine à 3 405 mètres. J'entreprends l'approche par les lacs Capri et Los Tres, soit 6 heures de rando. La tente est montée vers 20h, il fait beau mais froid, après mon sandwich au salami, je m'endort rapidement pour rattraper un peu de sommeil ; demain il faudra être au point d'observation avant 5h pour anticiper le lever de soleil et profiter de la lumière montante. Il me faudra 1 heure pour l'atteindre.
Pour atteindre le glacier Grande, je décide de m'ouvrir un hors piste qui m'amènera sur une crête à près de 1 800 mètres et me fera redescendre vers la vallée Maestri, au-dessus du glacier que je prévois de rejoindre. Ma descente sera scabreuse, en utilisant une goulotte de glace et en traversant une moraine glissante. Ma peine sera largement récompensée, car le paysage que je domine depuis le sommet est simplement fantastique, je profite de quelques pauses pour passer en mode méditation ...
Je ne reviendrais que le lendemain, le vent se lève. Il me faut rejoindre les amis qui descendent vers Villa O'Higgins. Je prévois de partir tôt jeudi matin ce qui me permet d'être au départ du trek avant 7h. J'abandonne une nouvelle fois le véhicule en bord de route devant une estancia, et empreinte un pont piétonnier suspendu au-dessus d'un cours d'eau mouvementé, ça commence fort!
Le vent forcit, des nuées blanches sont visibles au milieu du lac Desierto ; l'eau en surface est happée par des rafales comme si la pluie s'était inversée et ramenait l'eau vers les nuages... J'apprends plus tard que le vent avait atteint des pointes de 120 km/h ! Je me dépêche tant bien que mal, le sentier est difficile, boueux et parfois en flan de falaise. Je joue l'équilibriste avec mon sac à dos de 12 kilos, l'enjeu étant de passer la douane Argentine avant midi, juste par plaisir de faire les 20 km en moins de 5 heures. Ce sera chose faite, mais les douanier me déconseillent de continuer vers le Chili car le temps ne s'améliore pas ; les nuages sont bas et la pluie battante. J'acquiesce, mais ne tiens pas 15mn, je reviens vers le douanier et lui dis que j'y vais tout de même, et après un énième tampon sur mon passeport je poursuis vers un sentier qui doit me mener vers le lac O'Higgins, dans 20 autres kilomètres.


La vue est superbe tout au long du parcours ; derrière moi je laisse le lac Desierto toujours sous le tumulte des vents. Le spectacle est unique, il me rappelle des vues du film « le seigneur des anneaux » pris en Nouvelle Zelande.
Cet engouement me donne un rythme que j'ai rarement tenu aussi longtemps avec une telle charge sur le dos. Après 2h30 de marche, j'arrive au panneau signalant la vraie frontière ; le temps de quelques photos, je reprends le sentier... Mais ma déception sera grande lorsque, passé côté chilien, de sentier je passe à une piste carrossable ! Celle-ci me mènera au bout de 4 heures de marche à la douane Chilienne. Et hop pour un nouveau tampon, mais au moins comme d'habitude, ce passage obligé se passe en quelques minutes. J'arrive finalement à 18h sur un terrain vague où je plante ma tente. A côté, j'entends parler français ; ce sont des suisses arrivés plus tôt. Ils m'apprennent qu'ils attendent le bateau pour traverser le lac O'Higgins depuis deux jours du fait du mauvais temps, mais qu'il est possible qu'il vienne le lendemain. 
En attendant, je profite de la vue qui s'offre à moi. Le lac de couleur verte rayonne de ses éclats ; deux iceberg dérivent au gré des vents ; ils dérivent depuis le glacier O'Higgins et s'apprêtent à quitter le Chili pour l'Argentine... Il leur suffit de traverser le lac, ils n'ont pas besoin de passer à la douane, eux ! Je propose à mes voisins suisses d'en prendre un pour rejoindre O'Higgins, à défaut de bateau...

Le Quetru, bateau d'une vingtaine de mètres, est finalement là jeudi matin à 10h, et après 3 heures de navigation, le débarquement se fera à l'abri du vent, la pluie s'étant estompée depuis peu. Il me faudra marcher 7km pour atteindre enfin l'objectif de ma remontée vers le nord depuis El Chalten, le bout de la Carretera à Villa O'Higgins.
Il ne me reste plus qu'à arpenter les quelques rues du village pour retrouver les amis vététistes. Chose faite après mes premiers 200 mètres dans le village, je retrouve les quatre VTT battant pavillon CtC Patagonia : les gauchos polynésien étant juste là !!!
Les retrouvailles sont chaleureuses, à l'image de notre amitié, après près de cinq jours de séparation ... 

Jean Pierre "

Voici quelques photos de la fin de notre périple dans ce magnifique Chili, de la Terre de Feu à Torres Del Paine, avec quelques animaux que nous avons croisé...


Glacier Pirito











Glacier Grès

Autour de Torres del Paine













A suivre, les "impressions" de chacun et la clôture de cette aventure...