Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA) en octobre 2010

Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA - 4.800 km) en octobre 2010,

Jean Michel MONOT (Tahiti) repart pour une nouvelle aventure

mais accompagné cette fois-ci de quatre compagnons d’échappée

René SABATIER (Tahiti) - Richard MARTIN (France) - Frédéric FOUCHER (Moorea) - Jean-Pierre LE LOCH (Tahiti)

dimanche 12 février 2012

Récit de "JP" et photos de Torres del Paine


Avant de vous envoyer les impressions de chacun d'entre nous, voici le récit des quelques jours que Jean-Pierre a passé seul, après notre départ de Cochrane pour Tortel, le 23 janvier. Il nous retrouvera le 27, après moultes aventures en solitaire...


Le récit de Jean-Pierre sur son trip solitaire entre Cochrane et Villa O’Higgins

" La piste de la Carretera Austral se termine à Villa O'Higgins et ne permet pas de rejoindre El Chalten directement en voiture. Ma route obligatoire pour descendre plus au sud me dévie donc vers l'Argentine où j'emprunterai une autre route mythique nord-sud, la routa 40.  
Je me sépare du groupe lundi vers 15h00 à Cochrane et me prépare quelque peu à ce trajet d'environ 600 km. Le plein de carburant fait, je rajoute dans le pick-up 2 Jerrycans de 20 litres chacune, car on me prévient que je ne trouverais pas de station service avant El Chalten !

Le poste frontalier est à 90 km de Cochrane, et je dois y être avant 19h00, au risque de le trouver fermé. Mais les paysages qui s'ouvrent devant moi sont grandioses et il m'est difficile de faire 100 mètres sans m'arrêter... je pense à Fred qui, la veille sur le parcours Coyhaique-Cochrane, réclamait sans cesse la pause photo... Après à peine 1h de route, je craque et décide de parquer le véhicule pour une petite rando découverte. Au sommet d'une colline, j'aperçois sur un versant et en contre bas des groupes de Huemules sous fond de sommets enneigés. Sur mon retour vers le 4x4, j'ai la chance d'en voir un s'abreuver le long d'un petit cours d'eau ; il me laissera se rapprocher de lui à moins d'une dizaine de mètres ; je prends le temps de m'asseoir pour l'observer.

Je passe finalement la frontière vers 19 heures à El Paso Roballos, et remplis les formalités auprès d'un carabiniero un peu surpris de voir un polynésien dans ces montagnes. La douane Chilienne semble rustique au niveau des infrastructures, comparée à celle de l'Argentine, mais elles sont toutes deux efficaces et permettent un passage rapide, sans question particulière. Le vent y est particulièrement fort. Je pense à mes copains cyclistes et espère qu'ils ne l'ont pas sur leur chemin. Je me rends compte que depuis que je les ai quittés, je n'ai croisé aucun véhicule sur pratiquement 90 km de piste, et j'en suis heureux !!
Je me dirige a présent vers la routa 40, et en chemin je fais plusieurs haltes pour découvrir quelques collines intéressantes, je "croise " encore quelques Huemules, suis un lièvre pas pressé qui a l'air de m'indiquer une piste  vers un petit point de vue... 
 
A une centaine de kilomètres de la frontière, je rejoins finalement la 40, elle est en travaux d'amélioration, le gouvernement argentin y a lancé depuis 2010 un programme de bitumage.  Ce sera sur au moins 300 km des passages difficiles avec portions asphaltées, déviations et longues pistes parallèles le long de la voie en travaux. Certaines portions droites s'étalent sur près de 50 km ! J'imagine mal le faire en VTT, avec vent de face de 30 nœuds ! Il faut d'ailleurs rester vigilant en conduite car le véhicule se déporte facilement, poussé par les rafales de vent.

Vers 2h mardi matin, je décide de m'arrêter près d'un logement de chantier, je me gare sur l'accotement de la piste et monte la tente pour quelques heures, il me reste environ 180 km pour atteindre El Chalten. J'y serais finalement vers 10h, et démarre de suite par une sortie en kayak vers le glacier Viedma, en utilisant au préalable une navette pour une traversée de 20mn du Lago Viedma. Le décor impressionnant me fige sur place ; avec le kayak je n'ai pas le droit de m'approcher à moins d'une cinquantaine de mètres, mais je distingue tous les détails de la paroi de glace, ses couleurs bleues sont attirantes, mais prudence !
Les Rangers d'El Chalten m'expliquent dans l'après-midi que j'ai une fenêtre météo favorable pour les 2 jours à venir. Je décide d'abandonner le véhicule pour un trek qui me rapprochera du Cerro Fitz Roy, qui culmine à 3 405 mètres. J'entreprends l'approche par les lacs Capri et Los Tres, soit 6 heures de rando. La tente est montée vers 20h, il fait beau mais froid, après mon sandwich au salami, je m'endort rapidement pour rattraper un peu de sommeil ; demain il faudra être au point d'observation avant 5h pour anticiper le lever de soleil et profiter de la lumière montante. Il me faudra 1 heure pour l'atteindre.
Pour atteindre le glacier Grande, je décide de m'ouvrir un hors piste qui m'amènera sur une crête à près de 1 800 mètres et me fera redescendre vers la vallée Maestri, au-dessus du glacier que je prévois de rejoindre. Ma descente sera scabreuse, en utilisant une goulotte de glace et en traversant une moraine glissante. Ma peine sera largement récompensée, car le paysage que je domine depuis le sommet est simplement fantastique, je profite de quelques pauses pour passer en mode méditation ...
Je ne reviendrais que le lendemain, le vent se lève. Il me faut rejoindre les amis qui descendent vers Villa O'Higgins. Je prévois de partir tôt jeudi matin ce qui me permet d'être au départ du trek avant 7h. J'abandonne une nouvelle fois le véhicule en bord de route devant une estancia, et empreinte un pont piétonnier suspendu au-dessus d'un cours d'eau mouvementé, ça commence fort!
Le vent forcit, des nuées blanches sont visibles au milieu du lac Desierto ; l'eau en surface est happée par des rafales comme si la pluie s'était inversée et ramenait l'eau vers les nuages... J'apprends plus tard que le vent avait atteint des pointes de 120 km/h ! Je me dépêche tant bien que mal, le sentier est difficile, boueux et parfois en flan de falaise. Je joue l'équilibriste avec mon sac à dos de 12 kilos, l'enjeu étant de passer la douane Argentine avant midi, juste par plaisir de faire les 20 km en moins de 5 heures. Ce sera chose faite, mais les douanier me déconseillent de continuer vers le Chili car le temps ne s'améliore pas ; les nuages sont bas et la pluie battante. J'acquiesce, mais ne tiens pas 15mn, je reviens vers le douanier et lui dis que j'y vais tout de même, et après un énième tampon sur mon passeport je poursuis vers un sentier qui doit me mener vers le lac O'Higgins, dans 20 autres kilomètres.


La vue est superbe tout au long du parcours ; derrière moi je laisse le lac Desierto toujours sous le tumulte des vents. Le spectacle est unique, il me rappelle des vues du film « le seigneur des anneaux » pris en Nouvelle Zelande.
Cet engouement me donne un rythme que j'ai rarement tenu aussi longtemps avec une telle charge sur le dos. Après 2h30 de marche, j'arrive au panneau signalant la vraie frontière ; le temps de quelques photos, je reprends le sentier... Mais ma déception sera grande lorsque, passé côté chilien, de sentier je passe à une piste carrossable ! Celle-ci me mènera au bout de 4 heures de marche à la douane Chilienne. Et hop pour un nouveau tampon, mais au moins comme d'habitude, ce passage obligé se passe en quelques minutes. J'arrive finalement à 18h sur un terrain vague où je plante ma tente. A côté, j'entends parler français ; ce sont des suisses arrivés plus tôt. Ils m'apprennent qu'ils attendent le bateau pour traverser le lac O'Higgins depuis deux jours du fait du mauvais temps, mais qu'il est possible qu'il vienne le lendemain. 
En attendant, je profite de la vue qui s'offre à moi. Le lac de couleur verte rayonne de ses éclats ; deux iceberg dérivent au gré des vents ; ils dérivent depuis le glacier O'Higgins et s'apprêtent à quitter le Chili pour l'Argentine... Il leur suffit de traverser le lac, ils n'ont pas besoin de passer à la douane, eux ! Je propose à mes voisins suisses d'en prendre un pour rejoindre O'Higgins, à défaut de bateau...

Le Quetru, bateau d'une vingtaine de mètres, est finalement là jeudi matin à 10h, et après 3 heures de navigation, le débarquement se fera à l'abri du vent, la pluie s'étant estompée depuis peu. Il me faudra marcher 7km pour atteindre enfin l'objectif de ma remontée vers le nord depuis El Chalten, le bout de la Carretera à Villa O'Higgins.
Il ne me reste plus qu'à arpenter les quelques rues du village pour retrouver les amis vététistes. Chose faite après mes premiers 200 mètres dans le village, je retrouve les quatre VTT battant pavillon CtC Patagonia : les gauchos polynésien étant juste là !!!
Les retrouvailles sont chaleureuses, à l'image de notre amitié, après près de cinq jours de séparation ... 

Jean Pierre "

Voici quelques photos de la fin de notre périple dans ce magnifique Chili, de la Terre de Feu à Torres Del Paine, avec quelques animaux que nous avons croisé...


Glacier Pirito











Glacier Grès

Autour de Torres del Paine













A suivre, les "impressions" de chacun et la clôture de cette aventure...

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