Mercredi 1er février : Rio Grande /
Ushuaia
Nous
quittons Rio Grande et son superbe hôtel que le hasard a mis sur notre route !
Dès la sortie de l’établissement, la violence du vent nous rappelle la latitude
où nous nous trouvons. Jean Michel qui, pour prendre place dans le véhicule a
ouvert la portière, se retrouve dans l'impossibilité de la refermer ! Nous
devons lui conseiller de baisser la vitre pour diminuer la pression qu'exerce
le vent. Enfin protégés, dans notre Pick-up, nous roulons vers Tolhuin où nous
avons décidé, quelques soient les conditions météo, d'atteler nos carrioles et d'enfourcher nos
vélos pour terminer notre périple à Ushuaia.
Dès
les premiers kilomètres, nous constatons que la monotonie du paysage de ces
deux derniers jours évolue rapidement vers une végétation plus fournie.
Quelques arbres, sculptés par les vents incessants de la région, tordent leur tronc vers le soleil. Ils semblent couverts, tels une mariée, par
une coiffe de voile. Nous découvrirons qu'il s'agit d'une couverture de lichen
chevelu (nom scientifique : barbe de Jupiter). Cette arborescence donnera
aux indiens « Yagans », peuplade originaire de cette région, une de
leur légende : une jeune fille souffle sur cette chevelure imposée à la végétation
pour attirer l'attention de ses semblables ! Ce sont ces mêmes indiens qui,
bien malgré eux, sont à l’origine du nom de ce territoire : la « Tierra
Del Fuego ». Vivant quasiment nus toute l’année, ils transportaient avec
eux ces précieux feux qui les réchauffaient ! Les premiers explorateurs,
apercevant pendant la nuit ces nombreuses lueurs rouges, appelèrent ce lieu la « Terre
de Feu » !
La
silhouette des montagnes protégeant la ville d’Ushuaia commence à se dessiner.
Ce plat pays reprend du volume et cela rassure nos yeux après ces deux jours de
plaines monotones.
Quelques
panneaux nous annoncent la présence de commerces. Nous arrivons sur la petite
ville de Tolhuin ! Une ambiance festive règne dans ce gros village. Des
motards terminent leurs boissons devant des établissements où raisonne la musique !
Nous décidons d’une pause-café accompagnée de beignets chauds que l’on nous
propose.
Mais il nous faut sortir du village, trouver un endroit abrité du
vent, pour revêtir nos vêtements de vélo et commencer cette dernière route vers
notre but final : atteindre Ushuaia.
Durant
l’ascension, nous longeons les rives qui surplombent le lac Garibaldi. Le vent
reste clément et nous osons des pronostics sur notre horaire d’arrivée. Mais au
sommet, point de descente facile comme nous l’espérions ! Un violent vent d’ouest et de face va nous
obliger à appuyer sur nos pédales, sous peine de bloquer nos vélos, pourtant
engagés dans une pente à forte déclivité. Nous redoublons d’effort car nous
comprenons que les kilomètres que nous égrenons nous rapprochent du but que
nous nous étions fixés !
Soudain,
un panneau de bois apparait à la sortie d’une courbe : « USHUAIA - 3
KM » Nous n’osons pas croire immédiatement à cette indication, redoutant
une nouvelle imprécision de marquage, incidents qui auront souvent ponctués nos
itinéraires en Patagonie ! Mais deux immenses tours de pierres
apparaissent au loin. Sur chacune d’entre elles, nous pouvons distinctement
lire « USHUAIA ». Ce moment est magique ; nous roulons
maintenant de front, négligeant les voitures qui nous suivent, vers cette porte
qui va marquer dans quelques minutes l'objectif premier de notre périple !
Nous
voilà, 19 jours après être partis de Valparaiso, puis entrés sur la Carretera
Austral à Porto Montt, arrivés à notre destination !
Il
nous aura fallu pédaler des dizaines d’heures pour accomplir plusieurs
centaines de kilomètres, emprunter 7 bateaux, une nuit de bus et trois étapes
en pick-up.
Passer
de la chaleur et de la poussière assoiffant du sud patagonien à la neige et au
froid de la frontière montagneuse entre le Chili et l’Argentine ; régler
d’innombrables incidents pour enfin voir
cette ultime étape, voir cette ville du bout du monde, voir USHUAIA
Nous tombons dans les bras de nos compagnons, nous réalisons le chemin parcouru, chacun médite sur les motivations personnelles qu’il s’était donné, et à voir nos rires et nos mines réjouies, nous savons que tous ensembles nous venons de réaliser une belle aventure entre amis
Richard est à l’honneur ; il est là à Ushuaia et nous nous sommes fiers de l’avoir accompagnés au bout de ses rêves : au bout du monde !
Mais le rêve n’est pas terminé. Heureux, nous souhaitons continuer l’aventure. Après renseignements, nous prenons la décision de repousser plus loin notre présence au sud du sud : ce sera donc tout d’abord Puerto Williams, le village chilien situé à 80 kms plus bas qu’Ushuaia via le Canal de Beaggle…
Puis
cerise sur le gâteau : l’Horn, le vrai !
Notre
nouvel objectif est désormais d’aller poser notre drapeau et vider notre eau du
Pacifique depuis ce « monument » inespéré : le Cap Horn…
Autre bonne surprise à notre arrivée : Jean-Pierre est lui aussi sur Ushuaia. Il est parvenu à rejoindre Puerto Williams à bord d'un Twin Otter, puis de prendre une petite navette qui la ramené sur la ville la plus australe, sur un canal de Beagle très agité. C'est donc à 5, au complet, que nous fêterons cette belle journée exceptionnelle !
Et demain est un autre jour...
Autre bonne surprise à notre arrivée : Jean-Pierre est lui aussi sur Ushuaia. Il est parvenu à rejoindre Puerto Williams à bord d'un Twin Otter, puis de prendre une petite navette qui la ramené sur la ville la plus australe, sur un canal de Beagle très agité. C'est donc à 5, au complet, que nous fêterons cette belle journée exceptionnelle !
Et demain est un autre jour...
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