Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA) en octobre 2010

Après la traversée des Etats Unis (Coast to Coast USA - 4.800 km) en octobre 2010,

Jean Michel MONOT (Tahiti) repart pour une nouvelle aventure

mais accompagné cette fois-ci de quatre compagnons d’échappée

René SABATIER (Tahiti) - Richard MARTIN (France) - Frédéric FOUCHER (Moorea) - Jean-Pierre LE LOCH (Tahiti)

mercredi 1 février 2012

Une frontière pas comme les autres (29 janvier)


Dimanche 29 janvier : Villa O’Higgins (Chili) à El Chaltèn (Argentine)


Nous nous levons tôt afin d’être prêts pour prendre enfin « el barco », unique moyen de transport pour continuer notre périple et qui nous mènera de l’autre côté du lac O’Higgins. A 7h30, nous enfourchons nos VTT sous une pluie glacée. Le village semble figé. Nos thermomètres affichent 6° Celsius.
Après avoir salué les gérants de notre « El Mosco » ainsi que les backpackers, cyclistes et motards de passage, nous roulons vers le lac situé à une dizaine de kilomètres. A l’arrivée, une pancarte, toute simple, indique : « fin de la Carretera Austral  - Km 0 » !!! Notre premier objectif est atteint. Nous avons quitté Puerto Montt il y a maintenant 15 jours exactement. Que d’histoires ! Que d’émerveillement ! Que de difficultés ! Que de joies !

Après avoir dit au revoir à Jorge, le patron du « El Mosco », nous embarquons à bord du « Quetru » de la Compagnie « Robinson Crusoe ». La traversée va durer 2h30 sur une mer vert foncé inquiétante. Nous sommes trempés et frigorifiés ; seul Jean-Pierre semble à son aise dans ce froid sibérien. Nous nous changeons rapidement et donnons nos gants et chaussettes à un marin qui les posera sur les moteurs pour un séchage efficace. Les vélos et carrioles sont déposés sur la proue ; les embruns vont les arroser ; heureusement, il s’agit d’eau douce.


 A un moment de notre trajet, nous apercevons un premier iceberg. Le bateau gîte légèrement à gauche à cause du vent constant, mais cela n’inquiète en rien l’équipage. D’ailleurs, il nous passe un film sur les premiers colons et navigateurs qui bravaient ce lac dans les années 1960. A l’époque, il fallait avoir foi dans sa « bonne étoile ». Il s’agissait vraiment d’une sorte de conquête du Sud où l’on devait braver les éléments eau, vent et froid. Nous sommes sous le 50ème parallèle et allons continuer à descendre. 



Vers 11h30, nous accostons à un lieu dit « Candelario Mancilla » où nous attendent Ricardo (celui qui transportera nos carrioles sur ses chevaux) et les douaniers chiliens avec un tracteur et une remorque. En vélo, nous parcourrons environ 2 kms pour aller faire tamponner nos passeports et remettre l’indispensable petit feuillet rempli à notre arrivée sur le territoire à Santiago. Tout est validé pour chacun de nous 5. Nous décidons de manger sous un abri de fortune en tôle avant d’attaquer un col d’environ 5 kms de montée. Avec le vent, nous avançons péniblement. Ayant endossé tous nos vêtements chauds, avec l’effort, nous commençons à enlever couche et sous-couche. Le décor est planté : il neige quelques flocons ; nous passons prêts de congères. Et nous sommes en été (d’après ce qu’on nous a dit !) ; qu’est-ce que ce sera à Ushuaia !


Nous avons près de 20 kms pour atteindre cette fameuse frontière, sorte de « no man’s land » entre le Chili et l’Argentine. Au sommet du col, Richard montre des signes d’essoufflement ; il faut dire que la veille il avait une douleur au niveau du diaphragme suite à une chute. Il va avancer au mental pour ne pas retarder le groupe et atteindre le lac argentin « Lago del Desierto » avant l’arrivée du second bateau qui permettra sa traversée. Après le col, nous roulons durant près d’une heure sur un plateau venté avec une succession de bosses. 





 
Puis nous traversons des zones boisées avant d’atteindre ce lieu étonnant : un pilône indique sur sa partie supérieure « Argentina » et à l’opposé « Chile ». Il est encadré par deux grands panneaux : « Bienvenidos a la Republica Argentina » et « Bienvenidos en Chile ». Fait du hasard : nous croisons à cet endroit unique plusieurs groupes de cyclistes et marcheurs dont des français, des suisses, des allemands… L’Europe est bien représentée. Et désormais la Polynésie aussi !



Dès que nous attaquons la partie argentine, la piste se transforme en « mini sentier » d’environ 50 cm de large, creusé, rendu boueux par la pluie. Les 7 kms qui nous séparent du lac vont rester longtemps dans nos mémoires. Véritable « gymcana » entre arbres, rochers, rivières, nous allons nous « éclater » comme des enfants. Nous surprendrons même René à crier sa joie ! Les derniers kilomètres sont épiques : le sentier est creusé sur près de 40 cm de haut. Impossible de pédaler. Nous débouchons soudainement d’une forêt sur un point haut qui domine le « Lago des Desierto » ; quelle vue ! Extase.













 
Nous arrivons sur un baraquement et ce qu’il reste d’un drapeau argentin lacéré par les vents. Il s’agit de la douane argentine. Avec austérité, on nous tamponne nos passeports. Nous leur demandons s’il est possible de rester au chaud dans leur pièce ? No ! Possible d’avoir un peu d’eau chaude pour faire un café ? No ! Nous n’insistons pas.


Jean-Pierre décide d’aller faire trempette dans le lac ; il y restera moins d’une minute car l’eau affiche 10°. Les cyclistes, trempés par l’effort, se refroidissent rapidement, sans abri en attendant l’arrivée du bateau. Ils découvrent une petite case qui comporte une cheminée ; un feu sera le bienvenu. Il va réchauffer les corps et cuire 3 truites pêchées par des visiteurs suisses !



Le bateau accoste. Ricardo arrive avec ses chevaux et nos carrioles. Nous chargeons les VTT et bagages, puis remettons nos tickets à l’équipage. La traversée va durer une heure durant laquelle nous imaginerons le célèbre « Fitz Roy », l’un des sommets mythiques de la Patagonie, plongé dans une brume opaque. Nous longeons des glaciers et de nombreuses cascades se déversent dans le lac.





A l’arrivée, après un rapide débarquement sous la pluie, nous attelons nos montures et fonçons vers El Chalten située à environ 35 kms. Les montagnes découvrent une palette de couleurs ocres qui rappellent celles de « Death Valley » en Californie. Enfin, El Chaltèn. Nous pensions trouver un village perdu ; nous découvrons une petite ville en plein développement, avec des magasins voués au plaisir de la varappe et de la randonnée. Fred dira qu’il s’agit peut être d’un futur Chamonix avec pour Mont Blanc, le Fitz Roy.
A bord du bateau, on nous avait donné l’adresse de l’hôtel Senderos. Jean-Pierre, qui a pu récupérer son véhicule abandonné ici pour pouvoir nous rejoindre à O’Higgins, nous y amène. Nous sommes très bien reçus et profitons d’un petit hôtel cossu où douches et nettoyage de nos vêtements sont les bienvenus. La nuit tombée (vers 22h), nous partons dîner et goûter la fameuse viande argentine dans une taverne aux allures chalet de montagne. 

Autour d’une cheminée centrale, les doigts de pied en éventail, nous profitons des dernières minutes d’une journée incroyable : le passage d’une frontière « pas comme les autres » !


1 commentaire:

  1. vous êtes magnifiques! quel courage, milles bravo à cette belle équipe.
    Bises.
    Agnès

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